Si l'attente d'un concert, n'est que le prémisse à une jouissance extatique, on peut bien la comparer aux préliminaires de la chair.
Avant même la possibilité d'avoir un concert près de chez soit, voilà que naît le fantasme de pouvoir se laisser caresser le lobe de l'oreille de tendres notes.
La rencontre peu probable se transforme en espoir dès lors que la possibilité que s’organise une rencontre poétique et énergique se laisse entendre.
Le billet d'entrée dans les mains. Le cœur battant on vaque à ses occupations et évite de trop penser à cette promesse d’évasion, et de flamme brûlante sous le sein. C’est à partir de là qu’éclot la rencontre, le rendez-vous pour apprendre non plus à se connaître par lettres et par sons mais à se toucher du bout des yeux. Apprendre à laisser ses sens à l'abandon et ne faire plus qu'un avec ce florilège d'émotions.
La rencontre jolie d'un être seul et égaré avec la puissance masculine d'une note, d'un son, d'une voix. L'estomac fourmillant laisse échapper sa larme au coin de l’œil humide. Le sourire se dessine sur des lèvres enchantées en plein assouvissement de plaisirs, encouragées par la lumière restée allumée. Cette lumière qui souligne les corps de bois de cuivres et de chair.
L'extase, puis la peur du départ, la peur de la fin, des pas dans l’escalier.
Vient alors l’échange vague et rapidement consumé qui laisse comme la cigarette après l’ébat le gout d’un instant éternel.
Les heures passent, les semaines, les mois et l’abstinence à bon dos, l’envie de recommencer est là, nécessaire, infatigable; se lasse et revient à l’assaut. S attendre à la même extase et espérer que le drapeau hisser n’est pas un vague leurre.
Que pourrait il se passer encore, une promesse, un chuchotement, un souffle chaud, et l’annulation, l’incapacité tel un homme dont la force du sang aurait laissé place à la fugace force de l’alcool. La déception qui laisse l’envie intacte et une angoisse en plus.
Mais ça pourrait aussi être, de l’autre côté :
Le désir grandissant d’un accouplement effrayant et inconnu, la maîtrise de la cadence et de l’accélération, tout ce qu’un jeune homme s’emploie à développer et à oublier en même temps.
Le premier pas sur la scène ; oser du bout des lèvres scander son message et ne savoir si l’on prend ou donne du plaisir. La sueur perle sur l’échine et le trouble envahie l’être tout entier.
Le vécu transcende les idées reçues.
L’amélioration est de mise et ainsi en est il de l’entraînement.
Chasser les âmes inconnues jusqu’à se faire chasser par des âmes volontaires.
Prendre du plaisir à se faire désirer et montrer de quoi on est capable.
Toujours agrémenter de subtiles recherches le mouvement régulier, travaillé.
Etre l’instrument des désirs d’autrui et se sentir obliger d’honorer ses promesses, tout en espérant fuir avant le lever du soleil avant les paroles en trop
Fumer une cigarette loin, et attablé à la ronde des futures idées à nourrir.
Gagner sa vie en travaillant sa capacité à se dévoiler tout en se protégeant des regards perçants. Ebloui par la lumière chaude, le masque sur la face, exploser de mille feux et s’offrir le luxe d’être le gigolo des cœurs perdus.
Souffrir de ne pas être à l’abri de la panne et d’être alors l’origine de la déception lue dans les yeux en face. La peur de ne plus pouvoir se nourrir de ces plaisirs.
Se raccrocher à l’orgueil flatté par la déception exprimée.
La confiance retrouvée dans une lettre déchirée, un mot égaré, un nouveau spectacle dont on travaillera sans relâche la mise en scène et qui fera pleurer de plaisir toutes les âmes croisées.
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